Audrey, une chargée de concertation passionnée

Comment fait-on dialoguer des promoteurs immobiliers, des organismes communautaires et la société civile autour de l’avenir d’un quartier? Audrey-Anne, chargée de concertation à la CDC Centre-Sud, nous ouvre les portes de son quotidien. Entre coordination du bilan des grands projets, animation de rencontres et création d’outils urbanistiques, elle nous raconte les coulisses de la concertation, ses défis et ces moments où un projet prend enfin vie. 
  • Le mois dernier, le Comité d’accompagnement des grands projets s’est réuni pour faire le bilan de ses 8 dernières années d’action. Qu’est-ce que cela signifie pour toi concrètement ? Quel est ton rôle dans cette concertation et comment tu t’y prépares ?

Après 8 ans d’existence, le Comité d’accompagnement des grands projets Centre-Sud (CAGPCS) a fait le bilan de ses activités pour s’adapter à l’évolution des projets immobiliers, dont plusieurs sont maintenant en construction.

Mon implication dans ce comité est récente. Elle a débuté au moment où nous amorcions ce bilan. Comme je suivais déjà de près l’évolution des grands projets, c’était naturel pour moi de m’y impliquer davantage. Ce qui est remarquable, c’est de voir des partenaires de différents horizons – promoteurs immobiliers, organismes communautaires, institutions – se réunir pour réfléchir ensemble à l’avenir du quartier.

Mon rôle concret ? Avec notre partenaire Rayside Labossière, nous formons le comité de coordination. Pour ce bilan, j’ai :

  • Analysé tous les rapports d’activités du comité depuis 8 ans
  • Extrait les principales demandes formulées par la société civile au fil des années
  • Rédigé la section du rapport qui présente ces demandes

Cette rédaction demande beaucoup de coordination : rencontres avec le comité de coordination, suivis serrés avec les autres rédacteurs pour assurer l’uniformité de la forme et la complémentarité du fond. C’est un travail d’équipe !

  • Le jour J d’une rencontre de comité ou de travail sur le projet Victoria Précision, à quoi ressemble ta contribution ?

Chaque rencontre est différente selon l’objectif : réfléchir à des idées, organiser un événement, faire des suivis… Ma contribution varie, mais elle tourne autour de trois rôles principaux :

Liaison et communication

Je fais le lien entre les différents partenaires. Je m’assure que tout le monde est informé de l’évolution de nos discussions. Quand des décisions sont prises concernant nos orientations de collaboration, je fais les suivis nécessaires auprès des partenaires.

Coordination de projets

Plusieurs tâches sont distribuées selon les expertises des membres du comité. Nous partageons nos avancées et nos questions pour rester alignés et s’ajuster au besoin. Dans mon cas, je veillais particulièrement au bon avancement du portrait urbanistique, à l’organisation de la charrette d’urbanisme (un atelier participatif où on imagine ensemble l’aménagement du quartier) et de la marche exploratoire.

Expertise en urbanisme

Lors des rencontres de réflexion collective, je m’appuie sur mes connaissances en urbanisme pour faire avancer le projet. Cela a été particulièrement utile pour concevoir l’animation d’urbanisme participatif lors de l’événement du 9 et 10 mai et pour développer une méthode d’analyse des données recueillies lors de cet événement.

  • Et les autres journées, ça ressemble à quoi? Entre l’ordi, les rencontres, les suivis… peux-tu nous donner un exemple d’une « journée type » pas type?

Les journées sans rencontres sont rares ! Nos dossiers sont habituellement travaillés en équipe (binôme ou trinôme), ce qui implique des rencontres régulières avec mes collègues et nos partenaires.

Ma préparation avant chaque rencontre

Je prévois toujours du temps pour bien me préparer : relire mes notes de la rencontre précédente, me renseigner sur le sujet ou écrire un aide-mémoire des points que je veux aborder. Cette préparation fait toute la différence pour des rencontres efficaces.

Les suivis avec les partenaires

Après une rencontre de travail, je contacte des partenaires potentiels pour un événement ou pour collaborer. Je mets aussi en relation des organisations qui pourraient travailler ensemble mais qui ne se connaissent pas encore.

Je lis beaucoup d’infolettres, celles des organismes du quartier et d’organisations à plus grande échelle. J’essaie de rester à l’affût des événements et projets qui pourraient être pertinents pour mon équipe ou mes dossiers.

Mon travail de fond en télétravail

Les jours de télétravail, je me concentre sur des tâches de recherche, d’analyse et de rédaction qui demandent de la concentration. En ce moment, je développe un fond de carte à jour du quartier qui servira d’outil de travail et permettra de visualiser spatialement certaines données. Un bel exemple de comment l’urbanisme peut servir la concertation !

  • Quand tu dois parler de ton travail à un souper, comment tu expliques ce que tu fais?

J’ai une version courte et une version longue. La version courte se résume surtout à mettre de l’avant le travail intersectoriel pour ultimement améliorer les conditions de vie dans le quartier Centre-Sud. Dans la version longue, je prends le temps de différencier la mission CDC Centre-Sud et la mission TDS Centre-Sud.  Dans tous les cas, ça suscite beaucoup de questions. Mon travail n’est pas commun et c’est ce qui le rend passionnant ! Les gens sont souvent surpris d’apprendre qu’on peut « faire travailler ensemble » des partenaires aussi différents. Mais au fond, ce qui nous rassemble, c’est l’envie de contribuer ensemble au développement social de notre communauté.

  • Quel est le moment le plus satisfaisant dans ton travail de concertation?

J’aime particulièrement voir un projet sur lequel j’ai travaillé depuis longtemps se concrétiser. Le fait de travailler à l’échelle d’un quartier permet de constater rapidement l’évolution des projets, de l’idéation jusqu’à son aboutissement.

Par exemple, voir la charrette d’urbanisme Victoria Précision prendre forme après des mois de préparation, puis assister aux présentations des visions du site par les étudiants… C’est ce genre de moment qui me rappelle pourquoi je fais ce travail.

En raison de nos différentes postures, tantôt facilitatrice, tantôt porteuse de projet, tantôt représentante, la satisfaction est multiple et vient de sources variées !

  • Et le plus difficile?

L’un des aspects les plus exigeants est de jongler entre différents rôles selon les rencontres.

Dans la même journée, je peux participer à une rencontre à titre de porteur de projet et une autre rencontre 30 minutes plus tard à titre de facilitatrice. Je dois souvent me rappeler de ma posture et si nécessaire, la mentionner aux partenaires afin d’éviter toute ambiguïté.